lundi 25 février 2013

- Partie I : Chapitre IV -

 Encore une fois... Le contenu peut éventuellement "perturber" certaines lectrices...  (dans tous les sens du terme ^.^ )
 Bonne lecture ! 

- Partie I : Chapitre IV -

    Mon jeune compagnon se remettait doucement de ses blessures. Bien sûr, je ne l'avais pas vidé de son sang. S'il ne lui était resté qu'une goutte, j'aurais dû le transformer en vampire pour qu'il survive. L'idée que ce chiot errant passe l’éternité avec Nous m'était insupportable. Comme il me l'avait promis, Dimitri utilisait l'argent de son héritage. Nous vivions dans un petit appartement californien au troisième étage d'un immeuble bien situé. Il était insalubre, mais ce n'était que temporaire. J'étais en train de faire construire un cercueil en bois de cèdre. Il serait garni de coussins en soie moelleux. Il faut bien dormir pour être d'attaque ! En attendant le luxueux cercueil, je dormais entre quatre planches de fortunes. Mon compagnon avait pris soin de bien obscurcir la pièce. Elle était petite. Un lit double au matelas épais trônait au centre de la pièce. Il faisait face à l'unique fenêtre de la pièce. Moi, j'avais élu résidence dans la salle de bain qui n'avait aucune source de lumière.

  Dimitri, alité, me laissa tranquille mes premières nuits. Malheureusement, cette sérénité ne fut que de courte durée. Dès qu'il fut remis sur pieds, le jeunot se mit à me coller de manière presque indécente. La première nuit, en me réveillant, je vis qu'il m'attendait à côté de mon cercueil improvisé. Il avait la mine renfrognée et les bras croisés. Il me regardait durement. Je décelai, néanmoins, qu'il mettait tout en œuvre pour paraître convainquant. Je haussai un sourcil interrogateur.
 
« Je viens avec toi.
  - Pardon ?
  - Tu pars chasser, n'est-ce pas ?
  - Oui... seule ! Répondis-je en insistant excessivement sur le mot « seule. »
  - Tu n'es plus seule maintenant. Tu as fait de moi ton serviteur. »
I
l marquait un point. En plantant mes crocs une deuxième fois dans sa chair, j'avais uni nos deux vies.
  « Justement, tu es mon serviteur ! D'ailleurs, tant que je le tolère, décide-toi : soit tu me tutoie, soit tu me vouvoie.
  - Je ne comprends pas ?
  - La première phrase que tu m'aies dite lorsque l'on s'est rencontré, « je te cherchais », a été employée avec le tutoiement, puis tu m'as vouvoyée tout le reste du temps. Et ce soir, tu te remets à me tutoyer. Je ne suis pas une girouette ! »

Il rit aux éclats. Je sentais l'irritation me monter au nez.
  « Oh, tu sais, à partir du moment où tu m'a mordu deux fois, je pense pouvoir me permettre de te tutoyer. me lança-t-il, d'un ton bien trop sarcastique à mon goût. Toujours est-il que je viens avec toi ! »
Le feu brûlait dans ses yeux. Je compris alors qu'il avait réellement l'intention de me « protéger » et que jamais je ne serais tranquille désormais. Je me sentais piégée. D'un geste vif, ma main alla se claquer sur sa joue – elle était froide. Sous la force de cet acte, Dimitri chancela. Il porta la main à sa pommette désormais brûlante et me regarda de ses grands yeux.
 
« Très bien. Fais le toutou. Mais tu me paieras ça en rentrant ! »
Il avala difficilement sa salive. Ses yeux de marbre me regardèrent d'un air apeuré.
 
Je bondis de la fenêtre. J'entendis Dimitri pousser un cri et s'agiter. Mon saut fut entrecoupé d'une vision. Un sabre. Des gravures que je ne comprenais pas décoraient la lame. Des sculptures entouraient un péridot qui ornait fièrement sur le pommeau. Je – ou, du moins, une main qui semblait rattachée à mon corps – pris la lame et la mis dans son fourreau, paré de sculptures tout aussi travaillées. Un flash. Je dévalais maintenant les escaliers. Ils ressemblaient étrangement aux escaliers de notre immeuble. Tout à coup, je revis enfin le sol se rapprocher de moi. J'étais revenue dans mon véritable corps. J’atterris sur le sol sans un bruit. La discrétion des vampires, sans doute. Tout le contraire de Dimitri. Le vacarme qu'il produisait aurait pu réveiller les morts. Il surgit de l'immeuble, haletant, portant le sabre de ma vision à sa ceinture. Il accourut à ma rencontre.
  « Je n'ai pas ta rapidité ! Laisse-moi reprendre mon souffle.
  - Tu n'as rien ressenti ?
  - Ressenti quoi ?
  - Il semblerait que nous soyons plus liés que je ne le pensais. J'ai vu à travers tes yeux. »
Son visage se figea de stupeur et vira au rouge pivoine.

 
« Tu... Tu as vu ce que je pensais ?...
  - Rassure-toi, tu ferme trop ton esprit pour ça. Tous tes secrets sont saufs !
 répondis-je, avec une pointe d'amertume. Allons-y maintenant, je suis affamée ! »
  Je repris ma marche, et tournai à droite, dans la rue bondée quêtant une proie. Tout en cherchant, je songeais à ce qu'il m'était arrivé. Comment était-il possible que je puisse voir à travers ses yeux ? Ainsi était-ce le pacte qui nous unissait ? En devenant mon esclave, cela me donnait-il le droit d'observer d'un autre point de vue ? Mais à quelle fréquence cela nous arriverait-il ? Elles pourraient peut-être s’avérer utile. Je ne savais rien de mon espèce, Il était partit sans rien me dire. J'aperçus enfin une proie, une jeune mendiante. Je ne saurais dire si ses cheveux en bataille étaient blonds ou bruns tant la crasse y avait fait son nid. Ses haillons déchirés pendaient lamentablement. Elle implorait les passants d'une voix faible, lançant sur eux un regard terne et vide. Un bien piètre repas qui s’annonçait. Je vins à sa rencontre, Dimitri sur mes talons. Lui proposant beaucoup l'argent, nous l'emmenâmes dans la ruelle de notre immeuble. À l'écart des passants, je plantai mes crocs dans sa maigre chair. Son sang n'avait presque pas de goût. Je n'éprouvais aucun plaisir à me nourrir de ce liquide dénué de saveur. Les mendiants, plus jamais ! Je vis que Dimitri réprimait une grimace de dégoût. Il semblait se forcer à regarder la macabre scène. Pourquoi avait-il autant tenu à me suivre, si cela le dégoûtait ? Son expression m'insultait. Il allait payer cette attitude... 

  Ce fut en silence que nous rentrâmes dans notre appartement. Une fois dans la pièce principale, je m'assis sur son lit au matelas épais. Je rompis ce silence pesant :
 
« J'espère que tu es conscient que ton insolence est inacceptable !... Viens ici ! Le sang de cette pauvre fille ne m'a pas repue. »
Sans même sourciller, il s’avança et s'agenouilla devant moi. Je saisis sa tête et la pencha sur le côté. Je plantai mes crocs dans sa chair. Ah ! Le goût sucré du sang de Dimitri. Il était tellement revigorant. Bien sûr, je ne bus pas autant que la première fois. Juste quelques petites gorgées. Puis, je relâchai enfin mon étreinte.
 
« Ça, mon tendre Dimitri, c'était pour t'être opposé à moi avec tant de fougue et m'avoir forcée à accepter ta présence lors de ma chasse... Maintenant, Dimitri, on va passer à quelque chose de beaucoup plus intéressant... »
Il releva la tête. Je vis l'appréhension dans son regard.
 
« Oh oui, tu peux faire cette tête-là ! Ton attitude alors que je mangeais est intolérable. C'est un affront envers ta maîtresse. Je vais te faire regretter ton expression de dégoût...
  - Je suis très résistant. »
Je relevai un ton de défi dans sa voix. Cette impétuosité m'agaça. Je me redressai, le poussant au passage. L'unique fenêtre de notre appartement était fermée par des volets en bois. Un rideau en tissu rouge bordeaux nous cachait davantage de la lumière. Il était retenu par des cordes souples. D'un geste vif, je défis les cordages. « Viens ici, Dimitri. » Il hésita. Mon ton calme était plus menaçant que jamais. Je surgis devant lui, les cordes du rideau à la main. Il portait une chemise blanche. Je la déboutonnai et lui enlevai. Mon mignon petit esclave rougissait jusqu'aux oreilles. « Donne moi tes poignets. » Il s’exécuta sans prononcer un mot. J'attachai l'un de ses poignets avec une corde et fis de même avec la deuxième sur son autre poignet. « Lève-toi maintenant ! » Je le dirigeai vers la fenêtre et attachai les deux cordes à la tringle du rideau. Comme il était plaisant de voir l'innocent Dimitri torse nu, les bras en croix tel Jésus lors de son sacrifice. Je me tenais devant mon blondinet ligoté. Un sentiment de puissance m'envahit.
  « Ah ! Mon naïf petit Dimitri... Comment vais-je bien pouvoir te punir ?... »
Je portais un serre taille par dessus mon chemisier. Aussi, une idée me vint. Je dénouai l'un des laçages en cuir. Je m'approchai de Dimitri, posai mes mains glacées sur son ventre. Il tressaillit au contact de mes doigts, rougissant de plus belle. J'approchai mes lèvres de son oreille. Il s'agita nerveusement.
« Ah, Dimitri... » J'embrassai sensuellement son cou, le mordillant un petit peu. Il gémit. Je m'écartai de son corps en ébullition et lui présenta ma lanière. « Maintenant, Dimitri, le vrai jeu commence. » Je lançai un sourire sadique à son égard. Il me fixait, craignant le pire. Je brandis ma lanière et fouettai l'air une première fois. Puis un premier coup jaillit sur le torse de Dimitri. Il réprima un cri. Ses grands yeux d'azur étaient rivés sur moi. Ils me transperçaient. Ils me posaient la question « pourquoi ? » . Il ne cillait pas, comme pour me signifier « Non, je ne crierais pas. Je te regarderais porter chaque coup sur moi. » C'était déconcertant. Il fallait à tout prix qu'il les ferme. 


 Cliquer pour agrandir l'image

Je cinglai son torse encore et encore, cherchant à faire disparaître ce regard intensif. Ce petit effronté n'était pas disposé à courber l'échine devant mes coups. « Crie ! Dimitri, crie ! » Je frappai fort. Je ne le rouais pas sous les claquements. J'attendais que chaque coup fasse effet sur sa peau. Il commençait à avoir des hématomes. Il continua de me regarder. Un rictus se dessinait sur son visage à chaque coup mais il persistait. Finalement, il céda : « Argh !!! » Je détachai le jeune homme inconscient, et l'allongeai par terre. Je posai sa tête sur mes genoux.
  « Dimitri. Dimitri.
dis-je d'une voix douce.
 
- … Saya ?... »
Il planta à nouveau son profond regard dans le mien. D'une main, il cala une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. Il me fit un sourire qui se voulait rassurant. Je pris sa tête entre mes mains et le berçai. Il ferma les yeux.
 
« Tu vois, mon angélique enfant, il ne faut pas contrarier ta maîtresse. Tu as appris la leçon, n'est-ce pas ? Là, là. Repose-toi maintenant... », murmurai-je en lui déposant un baiser sur le front.

- fin du chapitre IV -
Lien → Partie I : Chapitre V
dessin fait par @Ange